Le marchand d’art de Christie’s Jussi Pylkkänen a senti « une certaine tension dans la salle ». Puis, frappant de son marteau, à 20 h 36, après quatre minutes d’enchères, il a adjugé l’œuvre d’art pour 170 millions de dollars (161 millions d’euros): le portrait de Marilyn Monroe par Andy Warhol (1928-1987) Coup Sage Bleu Marilyn (1964) est ainsi devenu, lundi 9 mai, à New York, l’oeuvre du XXe siècle la plus chère jamais vendue aux enchères – le record absolu revient à Salvator Mundiattribué à Léonard de Vinci et acheté 450 millions de dollars en 2017 par le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Salman.
Coup Sage Bleu Marilyn était le clou de la collection des galeristes suisses Thomas Ammann et Doris, sa sœur, tous deux décédés. L’acquéreur est, selon la presse américaine, le célèbre galeriste new-yorkais d’origine arménienne Larry Gagosian, dont on ne sait s’il a agi pour son compte ou pour celui d’un client. L’œuvre avait été estimée par la maison de vente Christie’s à 200 millions de dollars. Avec les commissions, le total atteint 195 millions de dollars (184 millions d’euros), chiffre historique, même s’il n’y a pas eu d’envolée exubérante.
Ambiance des grands jours
Le contexte était pourtant épouvantable, avec Wall Street en chute libre, un dollar très fort, la Chine confinée, l’inflation qui galope sur la planète et la guerre en Ukraine. Il n’empêche, Guillaume Cerutti, le directeur général de Christie’s, a jugé le marché de l’art « très résilient ».
La salle des enchères avait retrouvé, lundi, l’ambiance des grands jours, avec quelque 180 participants, s’ajouteraient une soixantaine de professionnels en contact téléphonique avec leurs mandants à travers toute la planète. Le Français Francois Pinaultpropriétaire de Christie’s, avait fait le déplacement.
Le succès du tableau tient à son histoire et à sa multiplicité. Ce carré d’environ un mètre de côté est fondé sur une photographie recadrée de l’actrice utilisée pour la promotion du film Niagara (1953). Les paupières de Marilyn Monroe sont bleues, le teint rose, les cheveux jaunes et le fond bleu sauge. L’œuvre fait partie d’un groupe de cinq toiles, aux couleurs de fond différentes : bleu sauge, rouge, orange, bleu et turquoise. Andy Warhol avait développé une technique d’impression qu’il utilisait uniquement dans ce cadre, car elle exigeait beaucoup de travail.
Surtout, en 1964, une artiste, Dorothy Podber se rendit dans les studios de Warhol à Manhattan sur la 47e Rue, et, avisant les portraits, elle lui demanda si elle pouvait les « shooter ». Selon la légende, le roi du pop art acquiesça, comprenant qu’elle demandait l’autorisation de photographier les œuvres. En réalité, elle sort un pistolet et tire sur les toiles de Marilyn. Warhol avec la porte l’audacieuse. « J’ai été méchante toute ma vie. Jouer de sales tours aux gens est ma spécialité », déclaration plus tard Dorothy Podber, qui était la fille d’un gangster du Bronx. Warhol répara ses œuvres – l’une avait été percée, trois décomposées, une intacte. Mais en connaisseur de la société de consommation, il leur donne à toutes ce titre de Marilyn abattuela version bleu sauge étant rebaptisée Coup Sage Bleu Marilyn.
Il vous reste 37,14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
“Impossibile scrivere con i guantoni da boxe. Organizzatore freelance. Analista appassionato. Amichevole piantagrane. Drogato di pancetta.”