ARTE – LUNDI 27 JUIN À 00 H 40 – FILM DOCUMENTAIRE
Profondément poétique, humain, le cinéma de Nicolas Klotz et d’Elisabeth Perceval s’apparente à un miroir flamboyant, renvoyant au monde sa brutalité renouvelée perspective, tout en faisant scintiller, au cadres.
De l’époque coloniale à la sixième extinction (des espèces animales, des habitats naturels, du fait de l’intervention humaine causant pollution et réchauffement climatique…), Quand la maison brûle accélère le temps et fixe des images inoubliables (animaux passés au filtre de la caméra, sublimes fantômes en devenir), comme prolongeant les travaux de Chris Marker (1921-2012) sur de nouveaux chemins.
Poème visuel
Elisabeth Perceval à l’écriture, Nicolas Klotz à la caméra : réflexion politique et expérimentation visuelle constituant la matrice de l’œuvre du tandem de réalisateurs, qui a fait l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidouà Paris, en décembre 2021. Parmi la trentaine de films, citons Paria (2000), où l’on embarque dans un bus de la RATP avec de jeunes précaires, à quelques heures du passage à l’an 2000 ; La Blessure (2004), en immersion-fiction aux côtés des réfugiés débarqués de Roissy ; enfin, plus reçu, L’Héroïque Lande. La frontière brûle (2018), périple dans la jungle de Calaishommage incandescent à ses « résidents », s’achevent dans un solo sublime au bord de la mer.
La rétrospective avait donné lieu à la réalisation d’un nouveau film, Nous disons la révolutionune commande de l’équipe cinéma de Beaubourg qui demande à chacun de ses invités (Kelly Reichardt, Albert Serra, Bertrand Bonello…) de faire le point sur son travail, en répondant librement à cette question : « Où en êtes-vous ? » Version cinéma de Quand la maison brûlée, le film sera distribué en salle par Shellac, début 2023.
On peut se laisser porter par ce poème visuel, en trois parties respectivement tournées à Brazzaville, Barcelone et Sao Paulo (« Course 1 », Course 2 », Course 3 », comme autant de chasses à l’homme anciennes et contemporaines) . Mais il n’est pas inintéressant de connaître quelques références ayant inspiré les cinéastes et nourri le tournage.
Le film commence avec un terrible récit, tiré de l’ouvrage Feuilles rouges (1930), de Guillaume Faulkner. Un maître vient de mourir et celui-ci doit être enterré avec son chien, son cheval et son esclave… La course du fugitif, pour éviter à son sinistre sort, a fait écho chez certains habitants de la République du Congo, un jeune acteur se souvenant d’une telle pratique du temps de son arrière-grand-père. Ainsi va le cinéma de Klotz et Perceval, puisant dans le réel leur infatigable soif de débattre et de montrer.
Quand la maison brûle, film de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval (Fr. 2022 – 1 h 46). Diffuse sur La Lucarne d’Artedisponible sur Arte.tv jusqu’au 23 décembre 2022.