J’avais 20 ans. J’étais très jeune, étudiant en Allemagne de l’Est – autrement dit dans ce qui me semblait être le fin fond de l’Europe, en 1985. J’avais un groupe d’amis musiciens avec qui je passais des soirées dans des églises gelées. J’étais fasciné par leur formation et leur vie de bohème. Leur éclat m’a étonné, qui ne savais pas encore quoi faire de ma vie.
Un jour, nous sommes allés dîner ensemble au restaurant après le concert. La table est animée, et parmi les convives se trouve Julie, une jeune femme réservée et réservée. Immédiatement, nous entamons une conversation. Nous possédons beaucoup de choses communes. Nous parlons tous les deux français. Nous avons le même âge, à une semaine près ; Nous sommes nés dans les grandes villes. Notre amitié commence par ce temps hivernal.
J’ai vite découvert que nous partagions également des traits de personnalité. Une certaine tristesse, une anxiété. Nous avons les mêmes goûts, les mêmes opinions sur les gens que nous fréquentons, les mêmes sarcasmes mordants occasionnels, et surtout, j’apprécie son manque de prétention. Elle partage ma vision des choses : tout faire sérieusement sans se prendre trop au sérieux.
Je reste au pays pendant cinq ans. Notre amitié s’est approfondie et après mon retour en France, Julie est devenue une partie de ma vie. Correspondances, coups de téléphone et visites imprègnent notre lien, fait de confiance, d’espoirs et de projets communs, mais aussi de déceptions. Je suis son parcours, car elle me raconte les coulisses de la vie d’un artiste. Elle écoute le récit de mes échecs professionnels et me donne de précieux conseils. Je sais tout de son amour et de sa vie amoureuse mouvementée, tout comme elle connaît l’homme qui deviendra mon mari.
Sœur choisie
Je me souviens m’être dit : si tout s’effondre un jour, tu seras là, le dernier pilier après la tempête. Sœur choisie. Cela dure vingt-cinq ans.
Un jour de 2008, j’ai profité de mes vacances pour lui rendre visite en Allemagne. Je l’ai trouvée heureuse et légère, même si elle portait toujours en elle un élément de tristesse – « dépression », comme me l’ont dit plus tard certains de ses amis. Elle m’accueille chaleureusement et me prévient en riant : “Demain, je te laisse tranquille dix minutes. J’ai rendez-vous avec un idiot. Ne t’inquiète pas, ça ne durera pas. » Une de ses connaissances a insisté pour organiser cette rencontre pour elle. Elle m’a parlé de cet homme en termes troublants : une force magnétique, quelqu’un qui devine tout, sait tout. Je me sens mal, cette description me dérange et m’inquiète.
Il vous reste 66,63% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.